Comme tous les matins
Il courait au boulot,
Elle, vers le métro;
Ils se sont croisés,
Un peu bousculés,
Il a frôlé sa main,
C'était au matin.
C'était un midi;
Comme tous les midis
Elle aime s'attabler
En terrasse de café;
A la table d'à côté
Il vient déjeuner;
"Déjà vu" elle se dit,
C'était à midi.
C'était un soir;
Comme tous les soirs
Il traîne à rentrer,
Elle flâne pas pressée;
Pour souffler un instant,
Voler du temps au temps,
Il passe par le square,
C'était au soir.
En cette fin de journée
Où tout semble arrêté,
Marchant dans le parc,
Sur un banc la remarque;
Elle regarde le ciel,
Il avance vers elle
Par des pas de silence
Pour garder sa présence.
Sa tête un court moment
Lui cache son firmament;
Elle, machinalement,
Se pousse au coin du banc,
Il s'assoit, lui dit merci,
Elle le regarde, lui sourit;
Pourquoi cet air parfumé
Et ce sourire semblent familiers?
C'était un banc sous les sapins,
Comme d'autres bancs, d'autres jardins;
Il lui demande:"on se connaît?"
Elle lui répond:"on s'est croisé!"
Ainsi commence le bonheur
De ne pas voir passer les heures,
Jusqu'au matin d'un nouveau jour
Ne poignant pas comme tous les jours...
