MON AMI
Ton verbe et ton sourire donnés pour
m'accueillir,
Tes cafés partagés aux aurores de mes jours,
Ta vie que tu me contes et qui me ravit,
Ta gentillesse et ta sagesse que tu m'offres sans retour,
J'y pense en te tenant la main,
Dans cette froide clinique, oublié des tiens.
Et si toute la chaleur dont tu m'as comblée,
Pouvait t'aider à t'endormir dans la tranquillité,
Je me coucherais près de toi pour te la diffuser
Et ainsi tu partirais, dans la paix de l'amitié.
Ne t'accroche plus aux parois de ta vie;
Laisse toi aller et glisse mon ami;
Moi, qui pour eux, ne suis que "la voisine d'à côté",
Dans ta main, jusqu'au bout, je t'accompagnerai;
Je retiendrai ta souffrance pendant ta délivrance,
Que mon cur vaincra, pour faire place qu'à ta présence...
Je n'irai pas à ton enterrement,
J'ai la chance de te dire au revoir avant;
Je n'irai pas sur ta tombe m'agenouiller,
Je sais que tu n'aimes pas voir tes amis pleurer.
Tu t'appelles Antoine, mais qui le sait?
Car au village, "Tranquil" tu es surnommé.
Combien de "pots" as-tu servis,
A tous ces gens qui se disent tes amis?
Combien de services as-tu rendus,
A toutes ces mémoires qui t'ont perdu?
Vous qui l'accompagnerez à sa dernière
demeure,
Mon amertume pour vous à jamais demeure.
Où êtes-vous durant son agonie?
La douleur seule compagne de ses jours et nuits!
Vous qui regardez "de travers"
Tous ces nouveaux venus sur vos terres;
Vous qui méprisez de haut
Tous ces "étrangers" qui boivent de votre eau;
Vous les "purs patois"
(Puisqu'ainsi vous nommez votre croix)
Sachez que je suis fière
De ne pas porter le nom de vos hier!
Courrez! courrez! après son cercueil!
Je ne peux vous coucher que sur cette feuille,
Que je brûlerai en priant de vous pardonner,
D'avoir oublié ce qu'est l'Amitié!
(J'ai dû lâcher la main de mon ami, dimanche 10 septembre 2000 à 13h30)