MA TOILE
Sur un métier à tisser,
Y'a une toile inutile;
Sur ce métier à tisser,
Y'a ma vie qui défile.
Tout en haut de cet ouvrage,
Mon soleil, qui se dévoile;
Qui du haut de mon ouvrage,
Tente de réchauffer ma toile.
Ses rayons tout irisés,
Je les croise et entrecroise.
Ces rayons tout irisés,
Sont des fils qui m'apprivoisent.
J'en prends un, puis je le laisse,
Pour avancer dans ma tresse;
J'en prends un, puis je le laisse,
Suivant bonheur ou détresse.
Oh! parfois, j'en oublie un!
Et cela sur deux trois tours;
Oui, parfois, j'en oublie un,
M'attendant à un détour.
Alors là, c'est un plaisir,
De nouveau croiser ce brin;
Oui, c'est vraiment un plaisir,
De le remettre en chemin.
Il y en a qui sur ma trame,
Juste un temps, s'entrelacent;
Il y en a qui sur ma trame,
Collaborent, et puis qui passent.
Ils sont richesses ou tourments,
Dessinant des liens d'Amour;
Ils sont richesses ou tourments,
Se tissant au jour le jour.
Il faut aussi que je vous
parle,
De ceux trop courts ou bien brisés;
Avec peine, je vous en parle,
Sur mes orées, ils sont laissés.
Je me recule et je les vois:
Ils sont là, bordant ma toile;
Je me recule et quelle joie,
Formant la voûte de mes étoiles!
Pour terminer, mes préférés,
Ils sont mes fils conducteurs;
Ma toile ne serait ce qu'elle est,
Si ils n'en seraient pas le cur.
Regardez les, ces fils d'or,
Qui m'avancent dans mon décor;
Regardez les, mes filles d'or,
Grâce à elles je tisse encore...