Astéroïde

Ses mains se posent sur l'écran du temps,
Le traversent lentement;
Son corps les suit affolé, hésitant;
Pourquoi son coeur est-il confiant?
Elle a peur de ce côté du versant,
De ce qu'elle connaît s'éloignant;
L'inconnu a pourtant du bon,
Le voyage n'est pas sans raison.

Ses bras tendus, elle se surprend
A libérer ses rêves latents;
Tous ses doux phantasmes d'antan
Qu'elle s'interdit depuis longtemps.
Paumes ouvertes contrez le vent
De toute une vie la retenant!
C'est par des pas tous en avant
Qu'elle rejoindra son firmament.

Elle combat dans la pénombre le vide,
Ce souffle âpre et cupide,
Grâce à son âme encore avide
A découvrir son astéroïde;
Peut-être petit, peut-être aride,
Mais elle en est sûr, ( l'élucide
Par un immense amour sapide),
Il sera une terre splendide!

Au moment même où invalide
S'en retourner elle se décide,
Une présence intrépide
Vient essuyer ses yeux humides,
Agrippe sa main, devient son guide
Pour la planète impavide;
Son corps alors sous cette égide
Frissonne d'une fièvre torride.

Voyant tant de tendresse, de saveur,
Dans la fusion de ces deux cœurs,
Par leurs étoiles qui vivent et meurent
Supernova de toutes couleurs,
Son passé, enfin, cède sans rancœur
Sa place héliocentrique, majeure,
A l'astre plein de senteur et chaleur,
Éclairant son astéroïde de bonheur.

Ho comme le jour devient merveille
Près de l'Amour qui se réveille !
Ho comme sa nuit devient si belle
Dans la lumière de son Rebel
Qui d'un Sirocco ses spectres balaye,
L'enveloppe dans sa voûte et sur elle veille.
Alors sous les constellations de son Soleil
Son corps devient céleste devant l'Éternel.

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