LE CLOCHER
Dans le clocher de mon village
Je m'isolais pour voyager,
Sous le ciel bleu sans un nuage,
Vers d'autres cieux tant silencieux.
Ce lieu cadeau, âge par âge,
Etait berceau pour tous les mots
Dits par amour sans faire tapage
Pour un amour pas encore sourd.
D'en bas montaient chants du village
Qui sous clocher l'amour priait.
Mais, moi, cachée de ces visages,
L'Amour chanté je le vivais...
Sous le clocher de mon village,
De baptisée en confirmée
Tout en passant par le mariage,
Le temps des ans a pris mon temps.
J'ai ressenti tout le pillage,
De vies unies sans l'Infini,
Par manque d'envie au fil des âges
D'encore dire:"Oui, je crois en lui!".
Où donc est-il le beau présage
Que juvénile et puérile
J'avais cru lire entre les pages
Du livre des sbires d'un bon fakir?
Par le clocher de mon village
Je suis passée; Je m'envolais;
Je pouvais voir comme par mirage,
Loin du terroir, mon Bel Espoir.
Il m'attirait dans son sillage:
Enfin, j'allais être jugée!
A l'instant où le paysage
S'éloignait doux, devenait flou,
La bas, en bas, dans le village,
Un choeur guida mes derniers pas,
Faisant sonner pour mon voyage
Le glas chanté par son clocher. |

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